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Gérer les risques géopolitiques dans le développement d’infrastructures

Le développement de l’infrastructure est essentiel à la croissance économique mondiale, à la connectivité et à l’amélioration de la qualité de vie.

Le développement d’infrastructures est essentiel pour soutenir la croissance économique et la connectivité, ainsi que pour améliorer la qualité de vie des gens. Cependant, des facteurs macroéconomiques, notamment l’augmentation des taux de la politique monétaire, une volatilité économique accrue et une diminution de l’appétence pour le risque chez les investisseurs, sont apparus comme des menaces pour le secteur.

Compte tenu des tendances actuelles, le monde devra faire face à un écart des investissements dans les infrastructures de 5,2 billions de dollars américains entre les besoins en infrastructure et les ressources financières d’ici 2030. Ce nombre pourrait s’élever jusqu’à 14,9 billions de dollars américains d’ici 2040, lorsque l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU est prise en compte.

L’urbanisation, les changements climatiques, la transition énergétique, la croissance démographique et l’expansion économique sont quelques-uns des facteurs qui stimulent le besoin urgent d’investissement dans les infrastructures. Le plus grand besoin d’investissement dans les infrastructures est dans les pays émergents, mais ces pays manquent souvent de structures adéquates d’investissement dans les infrastructures, ce qui peut potentiellement nuire aux occasions de développement.

Selon le Rapport sur les risques politiques de 2024 de Marsh, les sociétés sont confrontées à un monde rendu plus volatil et plus hasardeux par les changements macroéconomiques et géopolitiques. L’augmentation de la régionalisation, du contrôle des exportations et le nombre croissant d’obstacles au commerce et aux finances a rendu le paysage de l’infrastructure plus volatil et plus hasardeux.

Cela est également aggravé par le fait que plus de 60 pays, représentant au moins 40 % de la population mondiale et du PIB, tiennent des élections en 2024. Les entreprises qui prennent des décisions d’investissement pourraient devoir tenir compte de la façon dont l’incertitude à long terme causée par la concurrence géoéconomique et l’insécurité géopolitique peut également être influencée par les événements actuels et les résultats électoraux.

Ces inquiétudes imprègnent la chaîne de valeur du développement d’infrastructures et pourraient avoir des répercussions sur les investisseurs en actions de sociétés et institutionnels, les fournisseurs commerciaux et officiels de titres de créance de projets, les sociétés de construction et les gouvernements de pays qui ont besoin de tels investissements.

Pourquoi cela me concerne-t-il?

Les placements échoués à long terme dans des actifs immobilisés peuvent être exposés à des risques plus marqués, ceci malgré le fait que les occasions de croissance demeurent nombreuses de par le monde. Un déficit d’investissement dans les marchés émergents signifie qu’il existe des occasions de répondre aux besoins pressants des populations en croissance rapide, comme l’eau propre, les communications, l’électricité, la nourriture, le transport, et plus encore. De plus, la nécessité de diversifier les chaînes d’approvisionnement pour réaliser une sécurité alimentaire et énergétique accrue et bâtir un avenir durable continuera d’attirer des occasions d’investissement. Toutefois, dans ce contexte, une catégorie de risque imprévisible peut retenir les investisseurs en infrastructure, assommer le développement national et anéantir le rendement des investissements en infrastructure : le risque politique.

Bien que les risques commerciaux soient souvent inévitables pour les investisseurs et les entreprises, ils peuvent être gérés et atténués. Le risque politique est la possibilité que des investisseurs étrangers subissent des pertes financières en raison de décisions politiques, de conditions ou d’événements dans le pays hôte ou le marché où ils ont investi. Non atténués, de tels risques peuvent faire que le coût du capital (les rendements requis par les fournisseurs de capitaux pour investir dans ce pays) devienne plus élevé à cet endroit qu’ailleurs, ce qui entraîne une prime de risque pays.

L’impact potentiel des risques politiques sur les actifs et projets d’infrastructure est vaste. L’assurance contre les risques politiques est l’un des nombreux outils offerts pour atténuer le risque, qu’il s’agisse de pertes ou de dommages matériels causés par la guerre, la guerre civile ou le terrorisme, des événements plus complexes comme la perte d’une concession ou d’un permis en raison d’une action gouvernementale ou encore d’un manquement de verser des profits bloqués en raison de restrictions liées aux devises imposées par le gouvernement. L’assurance contre les risques politiques peut même assurer le projet contre la violation des principales ententes contractuelles conclues par un gouvernement, comme une entente d’achat d’énergie ou une entente d’approvisionnement en carburant.

La garantie est fournie par des assureurs de risques politiques dotés d’une cote de solvabilité élevée, dans le cadre de polices à long terme, pluriannuelles, à prix fixe et non résiliables. Une étude commandée par Marsh et S&P Global montre que l’atténuation des facteurs de risque clés motivant la prime de risque pays peut réduire le coût du capital des investisseurs et ainsi renforcer les évaluations de projet et le rendement des investissements, même après avoir pris en compte le coût de l’assurance contre les risques politiques.

Voici d’autres avantages de l’assurance contre les risques politiques :

  • Atténuer la vulnérabilité des projets d’infrastructure aux risques volatils, y compris la nécessité de réduire les valeurs des projets sur le marché.
  • Sélectionner des occasions d’investissement qui pourraient autrement ne pas répondre aux barrières des investisseurs en matière de rendement des investissements en raison du risque pays.
  • Augmenter le capital des investisseurs et faciliter les sorties de projets.
  • Obtenir des modalités de financement potentiellement plus avantageuses.

Pour les propriétaires exploitants d’infrastructures spécialisés à long terme dans les marchés émergents, ainsi que les investisseurs en actions institutionnels comme les sociétés de capitaux propres, les caisses de retraite, les fonds d’infrastructure et les fonds souverains, l’assurance contre les risques politiques est un outil inestimable pour faciliter les investissements.

Les investisseurs dans les projets d’infrastructure (y compris les prêteurs commerciaux, les caisses de retraite, les compagnies d’assurance, les fonds d’emprunt, les investisseurs du marché des capitaux, et les fonds d’infrastructure) peuvent faire face à des défis allant des risques propres au projet, comme le risque pays (pour les projets dans les marchés émergents) aux problèmes propres au crédit (comme la capacité de crédit limitée pour les transactions importantes), en passant par les préoccupations liées à la gestion du portefeuille (comme les concentrations de risque par emprunteur, secteur ou emplacement).

L’utilisation du capital de risque de l’assurance, fourni par des assureurs dont la cote de solvabilité est élevée, peut favoriser l’investissement par emprunt par le biais de polices de durées correspondantes, pluriannuelles, à prix fixe, non résiliables et de deux types :

Assurance en cas de non-paiement pour les prêteurs

L’assurance en cas de non-paiement est de plus en plus utilisée par les banques et les prêteurs comme outil de transfert des risques pour le crédit en manque de fonds afin d’atténuer le risque de non-paiement d’une contrepartie (un emprunteur ou un débiteur obligataire). Les polices d’assurance en cas de non-paiement conformes aux réglementations de Bâle III peuvent faciliter l’allégement des capitaux pour les prêteurs réglementés et aider les prêteurs aux projets à effectuer des prêts plus importants en soutien au financement d’emprunt pour l’infrastructure. L’assurance en cas de non-paiement peut résoudre les problèmes de gestion des limites causés par les grands intervenants et d’autres problèmes de concentration des risques.

L’assurance en cas de non-paiement est un instrument puissant pour les gestionnaires de crédit et de portefeuille, permettant aux prêteurs de renforcer leur compétitivité tout en augmentant prudemment leur volume de prêts. L’utilisation de l’assurance en cas de non-paiement peut aider les prêteurs à atténuer leur risque en partageant le risque d’une seule transaction ou d’un portefeuille de crédit avec un groupe de partenaires de syndication naturels et non concurrents (assureurs) non corrélés au risque sous-jacent.

L’assurance en cas de non-paiement couvre le défaut ou le refus d’une contrepartie de payer un montant dû en vertu d’une entente de financement, pour quelque raison que ce soit. Cela comprend les risques commerciaux et politiques auxquels peuvent faire face les emprunteurs privés ou souverains. La garantie est non résiliable et à prix fixe et peut couvrir le risque de paiement à court, moyen ou long terme dans les économies émergentes et avancées.

L’appétence des assureurs en matière de risques s’est accrue au cours des dernières années pour inclure une variété de structures de financement et de catégories d’actifs. Il s’agit notamment de prêts à court terme et de financements de projets et d’infrastructures à long terme pour les actifs entièrement nouveaux et les actifs existants, comme les risques d’affaires et les financements d’acquisition impliquant des actifs opérationnels. Un large éventail d’industries sont couvertes, y compris celles de l’électricité et de l’énergie (dont les énergies renouvelables), le traitement des déchets et de l’eau, le transport (aéroports, routes et ports) et la technologie et les télécommunications, y compris les centres de données et les tours cellulaires.

Assurance contre les risques politiques pour les prêteurs

L’assurance contre les risques politiques est une variation de l’assurance en cas de non-paiement qui fournit une protection financière aux prêteurs, aux investisseurs et aux entreprises qui pourraient subir des pertes attribuables à des risques politiques. Elle est fréquemment utilisée dans le financement des infrastructures des marchés émergents, lorsque les prêteurs du projet sont à l’aise avec le profil commercial et de crédit du projet, mais ont possiblement des inquiétudes concernant les risques liés au territoire.

L’assurance contre les risques politiques offre aux prêteurs un moyen de partager les risques politiques et pays d’un prêt de projet d’infrastructure avec les assureurs, tout en conservant l’exposition aux risques de base de crédit et de marché du prêt. L’assurance contre les risques politiques peut aider les prêteurs à gérer les préoccupations concernant l’annulation par un gouvernement de permis et de concessions critiques, les risques de guerre et de violence politique, les restrictions de devise qui empêchent le service de la dette, l’expropriation des actifs du projet et la violation du contrat par le gouvernement hôte dans le cadre des ententes de projet critiques (comme les ententes d’achat d’énergie, les ententes de services de transport de gaz et les garanties de revenus minimums).

L’instabilité politique dans le pays hôte d’un projet est un risque important qu’affrontent les entreprises d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction ainsi que les fournisseurs d’équipement. Notamment, il pourrait s’agir de changements dans les politiques gouvernementales, de troubles civils, d’embargos et de contrôles des devises. Ces défis peuvent avoir des répercussions négatives sur les entrepreneurs et les fournisseurs en causant des interruptions dans l’exécution des contrats, le non-paiement des montants dus, la demande de cautionnements et la confiscation des actifs.

Pour aider à atténuer ces risques, l’assurance contre les risques politiques peut aider à protéger les entrepreneurs et les fournisseurs des domaines de l’ingénierie, de l’approvisionnement et de la construction contre les pertes financières causées par des événements politiques échappant à leur contrôle.

En pratique :

Assurance empêchement d’exécution de contrat

L’assurance empêchement d’exécution de contrat peut protéger les entreprises des domaines de l’ingénierie, de l’approvisionnement et de la construction contre les pertes financières découlant de risques politiques et de crédit. Ces risques peuvent impliquer l’empêchement d’exécution d’un contrat en raison de décisions ou d’actions du gouvernement hôte, de l’annulation de licences ou de résiliation unilatérale du contrat par un acheteur public. Les risques peuvent également comprendre le non-paiement des factures par l’acheteur, le non-paiement des frais de résiliation conformément au contrat ou le non-paiement des montants dus à la suite d’une sentence arbitrale. Selon le projet, l’assurance empêchement d’exécution de contrat peut inclure une protection contre les pertes financières attribuables à des demandes équitables ou injustes de cautionnement (cautionnement de paiement anticipé, cautionnement d’exécution et cautionnements de soumission) par le bénéficiaire. Cette assurance vise les contrats nationaux dans les pays de l’OCDE ou les contrats transfrontaliers dans les marchés émergents.

Assurance complète des installations et de l’équipement de l’entrepreneur

L’assurance complète des installations et de l’équipement de l’entrepreneur peut protéger un entrepreneur contre les pertes ou les dommages causés à l’équipement mobile utilisé sur le chantier pour des projets dans les marchés émergents, causés par exemple par des risques politiques. Elle couvre des événements tels que la confiscation, la réquisition, la saisie et la destruction volontaire de l’équipement par le gouvernement ou en raison de violence politique. De plus, cette assurance couvre les pertes résultant de l’abandon forcé du lieu d’exécution du contrat en raison de l’insécurité et de la non-réexportation empêchée par le gouvernement local ou par une annulation de licence. Les garanties peuvent être utilisées pour protéger divers types d’équipement, comme les grues, les camions, les excavatrices et les tunneliers. Cette assurance vise les projets transfrontaliers.