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Stratégies d’atténuation des risques économiques et politiques pour les sociétés minières

La demande pour les minéraux et les métaux est en hausse en raison des pressions du développement industriel dans les marchés émergents, ainsi que de l’avancée de l’électrification et de la décarbonation.

La demande pour les minéraux et les métaux est en hausse en raison des pressions du développement industriel dans les marchés émergents, ainsi que de l’avancée de l’électrification et de la décarbonation. Bien que cela apporte des débouchés possibles, cela peut également avoir une incidence sur les niveaux de risque politique que les entreprises et les investisseurs du secteur minier devront prendre en considération.

Les « risques politiques » sont le risque que des activités, des actifs, des contrats ou des investissements d’une entreprise soient perturbés par des événements politiques survenant dans un pays ou par des changements dans l’environnement international. Dans le monde d’aujourd’hui, les conflits, les différends commerciaux, les changements climatiques et les facteurs économiques ont fait apparaître des risques inattendus au niveau des chaînes d’approvisionnement, créant ainsi de l’incertitude pour les investisseurs. Le Rapport sur les risques politiques de 2023 de Marsh souligne quatre tendances derrière les risques politiques et économiques : instabilité politique persistante, recul économique, concurrence pour les ressources stratégiques, et diversification des chaînes d’approvisionnement.

Pour les sociétés minières, ces quatre tendances ont introduit un degré sans précédent de volatilité politique dans les marchés des marchandises, affectant de ce fait les activités, la rentabilité et les objectifs d’investissement des entreprises. Les sociétés minières et les investisseurs doivent être prêts à composer avec les risques politiques s’ils souhaitent protéger les investissements existants et se lancer dans de nouveaux projets.

Le rôle du secteur minier dans la transition énergétique

La transition vers des sources d’énergie à faibles émissions de carbone dépend des minéraux essentiels à l’économie, en particulier pour les technologies vertes. Par conséquent, la demande mondiale pour ces minéraux augmente rapidement, allant même jusqu’à 500 % pour certains minéraux.

L’un des facteurs d’importance est l’adoption croissante des véhicules électriques, dont les batteries contiennent du lithium, ainsi que du nickel et du cobalt. D’ici 2040, la demande de lithium devrait atteindre 40 fois le niveau actuel, a affirmé l’ AIE , la même année où 30 gouvernements ont déclaré qu’ils mettraient un frein à la vente de nouveaux modèles de véhicules à essence et au diesel. L’expansion des réseaux électriques signifie que la demande de cuivre pour les lignes de réseau devrait également doubler au cours des 20 prochaines années.

Produire l’approvisionnement nécessaire pour répondre à la demande n’est pas chose aisée. Les événements géopolitiques, les chocs du marché, les perturbations logistiques et les longs délais d’exécution (une mine de lithium prend en moyenne 16,5 ans à mettre sur pieds) ne sont que quelques facteurs faisant que l’approvisionnement peine à suffire à la tâche.

Une demande plus élevée pour les minéraux essentiels augmente le potentiel de nationalisation des ressources

La production et le traitement des minéraux essentiels ont tendance à être concentrés dans quelques pays, ce qui vient exacerber encore davantage les contraintes pesant sur l’approvisionnement. Plus de 50 % du lithium, 40 % du cuivre et 25 % du nickel du monde se trouvent en Amérique latine, une région à forte volatilité politique.

En partie en réponse à la demande accrue, à la hausse des prix des marchandises, à la concurrence géopolitique et à la hausse des coûts d’emprunt libellés en dollars américains, de nombreux gouvernements de cette région ont emprunté la voie de la nationalisation des ressources. Cela peut se manifester de différentes façons, notamment : augmenter les impôts du secteur minier, introduire des restrictions d’exportation et des exigences de bénéfices pour les localités, forcer des renégociations de contrats, imposer des règlementations et des amendes, et exproprier les actifs et les investissements étrangers.

En février 2023, le Mexique a signé un décret pour accélérer la nationalisation de ses réserves de lithium, le Chili a proposé des partenariats publics-privés pour des projets miniers, et le gouvernement du Panama a récemment résolu un différend contractuel avec First Quantum Minerals concernant des désaccords sur les taux d’imposition et les redevances, à la mine d’or et de cuivre de Cobre Panama. Ailleurs dans le monde, l’Indonésie, qui détient les plus grandes réserves de nickel au monde, a interdit l’exportation de minerai de nickel, et le pays devrait cesser ses exportations de cuivre brut d’ici 2024. Une augmentation des interventions gouvernementales au niveau du secteur minier a également été observée dans des pays d’Afrique subsaharienne, dont la République démocratique du Congo (RDC), le Ghana, le Mali, la Namibie et le Zimbabwe.

La tendance à la nationalisation des ressources ne se limite pas aux marchés émergents. La loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA, de « Inflation Reduction Act ») stipule qu’au moins 40 % des minéraux essentiels dans les batteries des véhicules électriques fabriqués aux États-Unis doivent provenir de mines ou d’usines de recyclage américaines, ou de mines situées dans des pays ayant conclu des accords de libre-échange avec les États-Unis.

La reprise du protectionnisme et des politiques restrictives en matière de commerce et de réglementation peut créer de l’incertitude quant aux décisions d’investissement et aux pratiques opérationnelles actuelles. Bien qu’il s’agisse de mesures courantes pour les gouvernements désireux d’augmenter les revenus de l’État, de créer des occasions d’emploi et commerciales, et d’asseoir un sentiment de justice sociale, cette tendance pourrait entraver les investissements en capital nécessaires pour augmenter la production et stimuler l’innovation.

L’une des façons d’atténuer l’augmentation de ces types de perturbations est l’assurance contre les risques politiques (ARP). Cet outil aide les entreprises et les investisseurs à gérer certains risques associés aux inve/content/marsh2/central-blueprint/en/services/political-risk/insights/cost-and-benefits-of-political-risk-insurance-for-foreign-direct-investissements dans des projets de marchés émergents, des risques comme les actes d’expropriation, les interférences réglementaires, la violence politique, et les ruptures de contrat. Cette atténuation peut protéger le bilan d’une entreprise contre les pertes, offrir une tranquillité d’esprit à la direction dans sa gestion des priorités de l’entreprise, et accroître la confiance des investisseurs. L’ARP peut également faciliter l’obtention de capitaux pour les développements de projets. Elle y parvient en réduisant la prime de risque pour les pays et, en retour, le coût du capital pour les investisseurs, améliorant ainsi le taux de rendement interne des projets.

Dans le contexte actuel de conditions économiques et de crédit difficiles, la capacité de l'ARP à améliorer les paramètres d’évaluation de rentabilité des projets sera essentielle pour attirer le capital nécessaire au financement des développements miniers futurs, qui devraient augmenter en raison de la demande accrue et de l’augmentation de la concurrence pour les minéraux stratégiques.

Les risques politiques posent une menace à l’approvisionnement

Les chaînes d’approvisionnement mondiales ont fait l’objet d’une pression accrue au cours des dernières années, mettant en lumière des vulnérabilités exposées par les tensions géoéconomiques et géopolitiques, de même que par la dépendance aux métaux et minéraux essentiels. Pour les sociétés minières, les répercussions comprennent de longs retards dans la réception et l’expédition des marchandises, ainsi que des pénuries de matériaux.

En réponse à ce stress au niveau des chaînes d’approvisionnement, les pays et les entreprises ont commencer à diminuer l’emphase qu’ils mettaient sur l’efficacité des chaînes d’approvisionnement, en faveur d’une plus grande résilience. Cela a pris la forme non seulement d’une nationalisation des ressources, mais aussi d’une réduction de la production, d’une diversification des chaînes d’approvisionnement, d’une régionalisation, et d’une augmentation des stocks. Les gouvernements cherchent également à renforcer leurs chaînes d’approvisionnement en collaborant avec d’autres gouvernements; par exemple l’accord sur les minéraux critiques entre les États-Unis et l’Union européenne et l’accord de libre-échange entre l’Australie et l’Inde. Toutefois, ces stratégies d’approvisionnement peuvent exacerber encore davantage la turbulence géopolitique et la concurrence.

Dans certains cas, les sociétés minières tentent de renforcer et de mieux gérer leurs chaînes d’approvisionnement en poursuivant une intégration verticale en amont et en aval entre les secteurs des mines et métaux et les utilisateurs finaux, en raccourcissant les chaînes d’approvisionnement, en tirant parti de la technologie, et en investissant dans des projets d’exploration ainsi que dans de nouvelles mines. Bien que ces stratégies puissent aider à améliorer la résilience des chaînes d’approvisionnement, l’instabilité politique dans plusieurs territoires miniers émergents continue de causer de l’incertitude pour les sociétés minières et ceux qui les financent.

Atténuation des risques

Les solutions de crédit et de gestion des risques politiques peuvent offrir aux entreprises des moyens d’atténuer les perturbations opérationnelles potentielles, de protéger la valeur de leurs actifs et investissements, et d’améliorer la mobilisation du capital de développement. Une stratégie complète d’atténuation des risques politiques pour une société minière, ou un investissement dans le secteur minier, doit prendre en compte les aspects suivants :

  • Quelle est l’exposition aux risques politiques du pays? Une gamme d’outils et de processus sont disponibles pour identifier les risques politiques et les lacunes. Par exemple, une planification rigoureuse des scénarios possibles peut éclairer les stratégies d’atténuation d’une entreprise.
  • Quelles sont les protections contractuelles et juridiques? De nouvelles règlementations peuvent entrer en vigueur à tout moment (par exemple, des normes relatives à l’environnement, à la propriété ou au travail) et priver les investisseurs de leurs droits de propriété ou de leur capacité à exploiter et à contrôler les opérations. Les investisseurs doivent bien comprendre leurs droits légaux et contractuels ainsi que les recours possibles en cas de telles interventions étatiques.
  • Le projet possède-t-il une licence sociale solide pour fonctionner? L’opposition d’une communauté à un projet peut entraîner des retards et ajouter des coûts et de la complexité au projet en question. Par conséquent, un engagement continu avec les intervenants locaux est essentiel.
  • Quelle est la stratégie de transfert de risques appropriée? En plus des éléments ci-dessus, les entreprises peuvent transférer leur exposition au risque politique sur le marché de l’assurance en souscrivant une police ARP. Cela protégera efficacement leur bilan et leurs flux de trésorerie futurs contre les sinistres majeurs.

Trouver des occasions

Les risques politiques pourraient bien être l’une des contraintes les plus importantes en matière d’investissement. De nombreux investissements miniers se trouvent dans des marchés émergents où les risques politiques et économiques peuvent être imprévisibles et difficiles à gérer avec les méthodes traditionnelles de gestion des risques.

Cela ne change pas le fait que d’importantes récompenses financières peuvent être récoltées par les entreprises qui recherchent des occasions d’affaires dans les marchés émergents. Par conséquent, les entreprise doivent élaborer des stratégies appropriées pour identifier et réagir rapidement aux crises politiques. Ces mesures proactives se traduiront par une gestion rigoureuse des risques politiques et une atténuation des pertes associées.

Il est possible d’atténuer les risques politiques. Grâce à une stratégie complète de gestion des risques, les sociétés minières et leurs investisseurs peuvent renforcer leur résilience, améliorer leur croissance et leur rentabilité, et aider le monde à atteindre des objectifs climatiques ambitieux.

La complexité inhérente au secteur minier exige une compréhension qui va au-delà des méthodes traditionnelles de gestion des risques. Nos 300 spécialistes mondiaux dédiés en matière de risques liés au secteur minier offrent des programmes solides et rentables de gestion et de transfert des risques qui améliorent la résilience liée aux projets.

Nos employés

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Raul Munoz

Vice-président principal et directeur du groupe d’expertise pour l’industrie minière

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Chantal Brazeau

Administratrice déléguée, l’industrie minière

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Megan Marshall

Directrice mondiale des ventes pour les services spécialisés de crédit de Marsh, Services spécialisés de Marsh