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Répondre à la demande et réaliser une croissance dans un monde complexe

Au cours des dernières années, une série de crises ont mené à une perception accrue des risques liés au commerce et à l’investissement, en particulier le risque de crédit, le risque d’exécution et le risque pays.

Au cours des dernières années, une série de crises ont mené à une perception accrue des risques liés au commerce et à l’investissement, en particulier le risque de crédit, le risque d’exécution et le risque pays. Dans le même temps, le développement d’infrastructures retardé par une pandémie, la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, la sécurité alimentaire et énergétique, ainsi que l’augmentation des dépenses liées à la défense, stimulent la demande et génèrent des occasions importantes de commerce et d’investissement dans presque tous les secteurs d’activité et toutes les régions.

Pour de nombreuses entreprises, la capacité de répondre à cette hausse de la demande et de saisir des occasions de croissance a été entravée par l’incertitude perçue sur les marchés développés et émergents et par un accès limité aux liquidités. Toutefois, l’incertitude entourant les risques liés au commerce et à l’investissement peut être mieux comprise grâce aux données et dans le contexte de risques définis, ce qui permet de mettre en œuvre de robustes stratégies d’atténuation des risques, améliorant ainsi la clarté et la confiance des entreprises. Ces stratégies, combinées à la reconnaissance d’indicateurs macroéconomiques positifs clés, peuvent permettre aux entreprises de réaliser une croissance et d’obtenir des capitaux dans un environnement complexe.

L’incidence de l’insécurité alimentaire et énergétique

Les principaux facteurs d’augmentation des niveaux de risque et d’instabilité politique – du conflit entre la Russie et l’Ukraine aux événements d’origine climatique – ont entraîné une vague de chocs sur les prix, déstabilisé les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, et créé des perspectives volatiles pour de nombreux marchés. Cela a contribué à la pression sur les risques liés au crédit et a ajouté de l’incertitude pour les entreprises dans ce qui était déjà un environnement de risque post-COVID-19 difficile.

Dans une certaine mesure, la situation actuelle fait écho aux conditions de prix qui ont été l’une des causes principales des manifestations du printemps arabe en 2011 – quelque chose d’imprévu par beaucoup à l’époque, mais dont le risque aurait pu raisonnablement être prévu compte tenu des données disponibles.

Ces échos sont particulièrement évidents dans les évaluations du système World Risk Review de Marsh, qui montrent une augmentation notable, bien que moins importante, des conflits intraétatiques récents, confirmant un lien continu entre les fluctuations des prix et la stabilité politique. En outre, le rapport sur les risques mondiaux de 2023, publié par le Forum économique mondial en collaboration avec les sociétés Marsh McLennan, a identifié la crise du coût de la vie – dont les prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont des éléments clés – comme le risque à court terme le plus grave (sur un horizon de deux ans) pour les entreprises et les gouvernements.

Malgré les similitudes entre cet environnement de prix et les perceptions relatives aux périodes d’instabilité antérieures, il existe également des signes uniques de résilience : les réserves de devises étrangères, par exemple, sont en hausse dans de nombreux pays, et le secteur de l’extraction et des ressources connaît une croissance record. En se référant aux connaissances historiques et aux données actuelles, les entreprises peuvent mieux comprendre l’incidence secondaire des risques liés aux prix, protéger les investissements existants et tirer parti des occasions de croissance disponibles.

Tenir compte des dépendances à l’égard des denrées alimentaires et du carburant

La mesure dans laquelle les variations de prix de certains biens essentiels peuvent avoir une incidence sur des pays en particulier peut être corrélée à plusieurs facteurs : le niveau de dépendance à l’égard des importations pour répondre à la demande intérieure, la nature du gouvernement et la capacité économique relative.

Une fois établis les liens entre la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant, la dépendance à l’égard des importations et le type de gouvernement, deux questions se posent :

  • Quels sont les pays qui dépendent fortement des importations de denrées alimentaires ou de carburant?
  • Lesquels de ces pays sont particulièrement sensibles à l’instabilité politique?

Selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Agence d’information sur l’énergie (Energy Information Administration ou EIA), le tableau ci-dessous indique les pays qui dépendent le plus des importations de denrées alimentaires et d’énergie. Les données relatives aux demandes de renseignements des clients de Marsh indiquent que parmi ces pays, plusieurs continuent de susciter un intérêt significatif de la part des investisseurs. Deux de ces pays, l’Égypte et le Pérou, sont confrontés à des risques d’instabilité persistants, aggravés par l’environnement de prix actuel, mais continuent également d’offrir des possibilités d’investissement et de commerce importantes.

Sources : FAO et EIA

Pays autoritaires et semi-autoritaires ayant une dépendance conjointe à l’égard des importations

* Graphique disponible en anglais seulement

Égypte : vulnérabilités exposées

Comme dans de nombreux pays, les prix élevés des denrées alimentaires et du carburant ont grandement affecté l’économie égyptienne, aggravant l’inflation et le mécontentement de la population. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a particulièrement exacerbé la situation de l’Égypte : avant le conflit, 80 % des importations de denrées alimentaires de l’Égypte provenaient de Russie ou d’Ukraine. Pour gérer les répercussions sur le plan national, le gouvernement devrait consacrer 4,14 milliards de dollars américains aux subventions alimentaires jusqu’en juin 2024.

Il sera toutefois difficile de maintenir le programme de subventions alors que le pays risque toujours de connaître une crise de la balance des paiements. Les principaux bailleurs de fonds de l’Égypte, les États du Golfe, travaillent avec le Fonds monétaire international (FMI) pour encourager le gouvernement égyptien à mettre en œuvre des réformes structurelles avant que de nouveaux investissements ne soient réalisés ou que des fonds du FMI ne soient déboursés.

Source : FAO

Égypte : augmentation de la dépendance à l’égard des importations de céréales au cours de la dernière décennie

Le gouvernement égyptien a cependant tardé à mettre en œuvre certaines des réformes convenues, notamment la réduction de la subvention au carburant et la privatisation à grande échelle, car il reconnaît que cela pourrait entraîner des troubles civils ou une réaction négative de l’armée, qui détient d’importantes participations dans plusieurs secteurs d’activité.

Malgré ces inquiétudes, les impératifs économiques ont encouragé le gouvernement à poursuivre les privatisations dans la mesure du possible et le momentum des ventes s’est accru. La finalisation de plus de 2 milliards de dollars américains de transactions récentes souligne l’intérêt continu des investisseurs envers les occasions qui s’offrent et leur sensibilisation à celles-ci.

À bien des égards, l’environnement actuel de l’Égypte reflète l’environnement mondial : un mélange de risques et d’incertitudes liés aux prix, combiné à un potentiel de croissance important. Les entreprises les mieux placées pour saisir ce potentiel se concentreront sur les secteurs clés de la demande et de la croissance, et utiliseront les données disponibles et les analogies historiques pour élaborer de solides stratégies de gestion et de distribution des risques.

Pérou : les prix élevés alimentent la frustration

La situation économique du Pérou semble moins fragile que celle de l’Égypte, mais la dépendance du pays à l’égard des importations de céréales est plus importante et les risques politiques sont élevés. Les importations de céréales étaient supérieures à la moyenne historique en 2022, et la moitié de la population péruvienne est considérée comme étant en situation d’insécurité alimentaire modérée. Les manifestations de l’année dernière ont été en partie liées à la frustration causée par l’inaction perçue du gouvernement sur la question.

Source : FAO

Pérou : augmentation de la dépendance à l’égard des importations de céréales au cours de la dernière décennie

Le Pérou dépend également de plus en plus des importations de carburant. En 2011, le Pérou produisait 75 % de ses besoins en pétrole, mais ce chiffre est tombé à moins de 50 % en 2021. Les pénuries de carburant ont contribué aux manifestations de fin 2022 et début 2023, qui ont perturbé les activités minières et fait grimper de plus de 20 % le prix du cuivre, l’un des principaux produits d’exportation péruviens. De nouvelles hausses des prix mondiaux du carburant pourraient contribuer à une instabilité politique et à des perturbations économiques dans le pays.

Bien que la polarisation politique profonde ait limité la capacité du gouvernement péruvien à répondre à ces défis au cours des dernières années, les exportations ont néanmoins presque triplé depuis 2010, ce qui témoigne des possibilités économiques offertes aux entreprises. Compte tenu des réserves minérales du Pérou, ces possibilités économiques deviendront de plus en plus attrayantes à mesure que la transition énergétique s’accélérera. En travaillant avec des organismes publics et privés, les investisseurs peuvent répartir intelligemment leur risque politique tout en aidant le Pérou à réaliser son plein potentiel extractif.

Stratégies d’atténuation des risques de crédit dans un monde en évolution

Comme le montrent les cas de l’Égypte et du Pérou, la volatilité politique et économique peut avoir une incidence sur la perception du rendement du capital investi et sur la sécurité des actifs des entreprises et des investisseurs, malgré les importantes occasions d’investissement offertes. Cette perception de l’incertitude peut toutefois conduire à une évaluation plus prudente de la résilience sous-jacente ou des rendements potentiels que les données ne le laissent supposer.

Dans ce contexte, les entreprises et les financiers avisés cherchent de plus en plus à comprendre les risques et à élaborer des stratégies de gestion et de répartition des risques qui permettent de concrétiser les occasions de croissance. L’assurance a un rôle clé à jouer dans ces stratégies.

Les secteurs d’activité qui favorisent directement la croissance du commerce et des investissements grâce à un accès accru aux liquidités comprennent :

  • Le cautionnement pour le risque d’exécution, y compris les obligations de livraison, de production et de garantie. De nombreuses entreprises et banques ont de plus en plus recours au cautionnement pour remplacer ou réduire le risque lié aux lettres de crédit, améliorer les liquidités ou accorder des lignes de crédit, et débloquer des fonds de roulement pour d’autres investissements.
  • L’assurance crédit commercial pour créer la confiance nécessaire pour négocier avec de nouveaux clients et obtenir du financement commercial en souscrivant le risque de non-paiement de la part des clients.
  • Le crédit structuré pour aider les banques à accorder des lignes de crédit. Il s’agit d’un outil bien établi pour les entreprises et leurs prêteurs afin d’obtenir l’accès à d’autres capitaux pour des développements stratégiques, en particulier lorsque les taux d’intérêt augmentent.
  • L’assurance contre les risques politiques pour réduire les effets des pertes liées aux mesures prises par les gouvernements et, ce faisant, réduire la prime de risque pays et améliorer les taux de rendement internes.  L’assurance contre les risques politiques peut également aider les entreprises à gérer le risque de voir des contrats compromis par des mesures gouvernementales, ce qui permet aux entreprises et aux actionnaires de poursuivre leurs activités avec une plus grande confiance.

Signes de résilience

Le sentiment que le monde traverse une période économique exceptionnellement volatile et incertaine a dominé le discours des médias grand public au cours des dernières années, avec relativement peu d’attention accordée à l’identification des aspects positifs parmi les défis. Cependant, le rendement économique mondial réel a régulièrement surpassé les prévisions souvent sombres, mettant en évidence des signes de résilience dans l’environnement macroéconomique qui devraient encourager l’optimisme.

Les prix des produits de base ont considérablement baissé par rapport aux sommets atteints en 2022, et l’inflation de base n’a cessé de diminuer. De nombreux marchés émergents sont bien mieux placés que par le passé pour gérer une crise éventuelle. Les réserves de change sont en hausse et le montant de la dette détenue en devises est en baisse.

Quatre forces motrices continueront de soutenir ces indicateurs économiques positifs : les investissements dans les infrastructures après la COVID-19, la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement en denrées alimentaires et en énergie, la transition vers une économie à faibles émissions de carbone et les dépenses liées à la défense. Ces domaines de croissance aident à surmonter une grande partie de la stagnation économique prévue et sont susceptibles d’avoir des effets durables pour la résilience des marchés développés et émergents.

Les entreprises et les prêteurs qui disposent de stratégies de gestion, de distribution et de répartition des risques bien conçues seront les mieux placés pour répondre à la demande mondiale dans cet environnement complexe et pour tirer parti de la croissance dans un contexte d’incertitude.