La sortie précoce de la Chine de la pandémie, combinée aux mesures de relance d’une ampleur sans précédent prises par l’Union européenne et les États-Unis, devraient très probablement avoir pour effet une relance économique à court terme. Cet effet devrait profiter à certains pays, dont les exportateurs de pétrole, mais son impact pourrait être transitoire et ne faire que retarder la prise en compte des inégalités sociales, d’une dette insoutenable et de la transition écologique du secteur énergétique.
Le nationalisme est en hausse, tandis que les gouvernements luttent pour des ressources stratégiques. Qu’il s’agisse de ressources minérales, de vaccins et d’autres médicaments, de chaînes d’approvisionnement sécurisées, de technologies de pointe ou de routes commerciales, ces ressources sont toutes vitales pour la reprise économique et la concurrence politique dans un monde de plus en plus multipolaire.
La réponse à la pandémie ajoute une nouvelle arme à l’arsenal politique des puissances concurrentes : la diplomatie des vaccins. Les pays en quête d’influence offrent l’accès aux vaccins comme monnaie d’échange à leurs alliés et partenaires commerciaux. Si les réponses à la COVID-19 ont occulté en 2020 les tensions géopolitiques qui couvaient depuis longtemps, les tensions plus anciennes devraient refaire surface à mesure que la pandémie sera maîtrisée et que les gouvernements assoupliront les mesures de confinement, levant ainsi les restrictions qui empêchaient un conflit interétatique pur et simple.
Notre Carte des risques politiques 2021 est fondée sur les données de la plateforme World Risk Review exclusive aux Services spécialisés de Marsh. Cette plateforme de risque pays exclusive fournit, pour 197 pays, des cotes de risque à travers neuf indicateurs relatifs à la sécurité, au commerce et aux investissements. Les cotes sont mises à jour mensuellement et s’échelonnent sur une échelle de 0,1 à 10, 10 représentant le risque le plus élevé et 0,1 le risque le plus faible. La plateforme World Risk Review est accessible aux clients des Services spécialisés de Marsh. Veuillez communiquer avec votre représentant des Services spécialisés de Marsh pour toute information. Les neuf risques étudiés sur la plateforme World Risk Review sont les suivants :
- Risque de résiliation d’ententes contractuelles;
- Risque économique du pays;
- Risque de blocage et d’inconvertibilité des changes;
- Risque d’expropriation;
- Risques juridique et réglementaire;
- Risques liés au crédit souverain;
- Risques liés aux grèves, aux émeutes et aux mouvements populaires;
- Risque de terrorisme;
- Risque de guerre et de guerre civile.
La Carte des risques politiques des Services spécialisés de Marsh met en évidence le risque par région et dresse le profil de neuf pays en fonction des risques décrits ci-dessus. Bien que la pandémie ait intensifié les perspectives du risque, il existe encore des occasions pour les sociétés, les bailleurs de fonds et les investisseurs. Les solutions de crédit et de risque politique garanties par une assurance peuvent contribuer à sécuriser les échanges commerciaux et les capitaux d’investissement, à débloquer des liquidités et à relancer une croissance qui alimentera et appuiera la reprise.
Il existe divers outils de gestion du risque politique et de crédit, provenant de sources tant publiques que privées. Outre les agences de crédit à l’exportation soutenues par le gouvernement et les organisations multilatérales, un marché privé solide d’assurance contre les risques politiques s’est développé pour aider les investisseurs et les sociétés à surmonter les crises politiques et économiques. Les solutions visant à se protéger contre les risques de non-paiement, à améliorer la résilience de la chaîne d’approvisionnement et à protéger les personnes et les biens dans divers pays peuvent faire appel à des programmes publics, à des assurances privées, ou à une combinaison des deux.
Introduction
La pandémie qui a accru le risque économique dans le monde entier en 2020 continuera d’amplifier les défis politiques et économiques en 2021, alors que les pays s’efforcent de se redresser dans un environnement en profonde mutation.
Le risque économique des pays, comme dans le cas d’une pandémie, a tendance à être contagieux et à se propager au risque lié au crédit souverain, au risque de change et au risque commercial. La COVID-19 a creusé le fossé entre les riches et les pauvres, faisant reculer certains pays de plusieurs décennies dans leurs efforts visant à réduire la pauvreté. La Banque mondiale estime qu’à l’échelle mondiale, 88 à 115 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans l’extrême pauvreté en 2020, un chiffre qui pourrait atteindre 150 millions en 2021.
Dans de nombreuses régions, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau et les coûts liés à l’énergie demeurent des points de tension aigus pouvant mener à des montées de troubles civils. Ces tensions peuvent également entraîner une montée du nationalisme et avoir une incidence sur les ressources stratégiques. Les politiques gouvernementales de lutte contre les inégalités sociétales occuperont une place plus importante dans les programmes électoraux, tant à gauche qu’à droite, en particulier dans les pays à revenu faible et moyen, et ce, pour les décennies à venir.
Dans ce contexte, de nombreux gouvernements ont rapidement mis en œuvre des politiques budgétaires et monétaires visant à stimuler la reprise. La Carte des risques politiques 2021 des Services spécialisés de Marsh laisse voir une augmentation plus importante que jamais auparavant du risque économique des pays dans toutes les régions, sous l’effet de l’augmentation des dépenses déficitaires, ce qui accroît également les risques liés au crédit souverain et commercial dans les économies les moins développées du monde.
Notre analyse prévoit une disparité croissante entre les économies émergentes et les nations industrialisées, ces dernières profitant de niveaux élevés de soutien public et de faibles coûts d’emprunt (Illustration 1). L’augmentation de l’endettement souverain exercera des pressions sur le financement public dans les marchés émergents, pressions qui pourront créer des conditions défavorables pour les entreprises tant nationales qu’à capitaux étrangers.
La sortie précoce de la Chine de la pandémie, et la libération de la demande de consommation refoulée à l’échelle mondiale, combinées aux mesures de relance d’une ampleur sans précédent prises par l’Union européenne et les États-Unis, devraient très probablement avoir pour effet une relance économique à court terme. Bien que cet effet devrait profiter à certains pays (comme les exportateurs de pétrole), l’impact pourrait être transitoire et ne faire que retarder la prise en compte des inégalités sociales, des fondamentaux d’une dette insoutenable et de la transition écologique qui transforme inexorablement le paysage énergétique mondial.
Le nationalisme est en hausse dans les sphères politique et économique, alors que les gouvernements se disputent les ressources stratégiques. Qu’elles prennent la forme de ressources minérales, de vaccins et d’autres médicaments, de chaînes d’approvisionnement sûres, de technologies de pointe ou de routes commerciales, ces ressources sont toutes vitales pour la reprise économique et la concurrence politique dans un monde de plus en plus multipolaire.
La réponse mondiale à la pandémie de COVID-19 en est un exemple typique, puisqu’elle permet d’ajouter une nouvelle arme à l’arsenal politique des puissances concurrentes sous la forme de la diplomatie du vaccin. Alors qu’ils se disputent le développement et la distribution des vaccins contre la COVID-19, les pays en quête d’influence offrent l’accès aux vaccins comme monnaie d’échange avec leurs alliés et partenaires commerciaux. Si les réponses à la COVID-19 ont occulté en 2020 les tensions géopolitiques qui couvaient depuis longtemps, les tensions plus anciennes devraient refaire surface à mesure que la pandémie sera maîtrisée et que les gouvernements assoupliront les mesures de confinement, levant ainsi les restrictions qui empêchaient un conflit interétatique pur et simple.