Par Amy Barnes ,
Directrice, Stratégie en matière de durabilité et de changements climatiques, Marsh
11/18/2021
La conférence sur le climat COP26 organisée par le Royaume-Uni à Glasgow a pris fin avec une entente où, pour la première fois, les combustibles fossiles ont été pointés du doigt comme principale cause du réchauffement climatique. Après des négociations prolongées, les pays ont décidé de « diminuer progressivement » plutôt que de « cesser définitivement » l’utilisation de charbon. Comme nous l’avons vu dans notre série de billets de blogue sur la COP26, des engagements ont été pris visant à arrêter la déforestation, réduire les émissions de méthane d’ici la fin de la décennie et accélérer la transition vers l’énergie renouvelable. Les organisations financières ont accepté de continuer à soutenir des initiatives « carboneutres », tandis que les pays se sont engagés à republier d’ici la fin de l’année leurs plans d’action liés au climat, avec des objectifs de réduction des émissions encore plus ambitieux pour 2030. Les États-Unis et la Chine ont également accepté d’accroître leur coopération au niveau des questions climatiques.
Il ne fait aucun doute que la prochaine décennie est la « décennie cruciale », et la COP26 est considérée comme le point tournant en fait de réaction aux changements climatiques. La conférence a permis aux pays d’établir un terrain d’entente et de trouver collectivement des moyens de surmonter les obstacles à l’atteinte des objectifs climatiques.
Les pays devront en bout de ligne se montrer à la hauteur de leurs engagements afin d’atteindre les objectifs de la COP26, qui étaient les suivants :
Voici un résumé des progrès réalisés sur ces quatre piliers de la COP26.
Pour avoir une chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 C, les émissions mondiales doivent être réduites de moitié d’ici 2030. Les leaders mondiaux se sont engagés collectivement à limiter le réchauffement planétaire à aussi près que possible de 1,5 C et « bien en-deçà » de 2 C. Toutefois, les chances qu’on parvienne à maintenir le réchauffement climatique à 1,5 C devenant de plus en plus minces, il est fort possible que des mesures plus fermes devront être prises pour parvenir à atteindre la carboneutralité.
On estime que, d’après les contributions déterminées au niveau national (CDN) les plus spécifiques en fait de réductions d’émissions planifiées, le monde est en voie de connaître un réchauffement entre 1,8 et 2,4 C d’ici la fin du siècle. Selon les dirigeants et les experts, les « événements météorologiques extrêmes entraînant des dommages importants aux biens et aux infrastructures ainsi que des pertes de vies humaines » constituent le principal risque en termes de probabilité. En tant que présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen a déclaré : « Réduire les émissions de méthane est l’une des choses les plus efficaces que nous pouvons faire pour réduire le réchauffement planétaire à court terme et le maintenir à 1,5 C ».
Plus de 100 pays (y compris les États-Unis, le Japon et le Canada), se sont engagés à réduire les émissions de méthane de 30 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2020. Les initiatives mettent l’accent sur la réduction des fuites provenant des infrastructures de combustibles fossiles.
En ce qui concerne la déforestation, plus de 100 pays, qui ensemble comptent 85 % des forêts du monde, ont établi des fonds de plus de 15 milliards de livres sterling (20,45 milliards de dollars américains) dans le cadre de l’engagement visant à arrêter et inverser le processus de déforestation. Le Brésil, où il y a eu destruction de vastes étendues de la forêt tropicale amazonienne, comptait parmi les signataires. Cette entente souligne aussi l’importance de soutenir les populations autochtones et les communautés locales dans le cadre de l’accord COP26.
Cependant, il y a eu des critiques concernant la façon dont le pacte définit la déforestation, laquelle est soutenue par près de 14 milliards de livres sterling provenant de fonds publics et privés, et certains pays, comme l’Indonésie, ont indiqué qu’ils pourraient ne pas pas se soumettre à l’entente.
En ce qui concerne les océans, un appel a notamment été lancé en faveur de solutions fondées sur la nature et d’un soutien mondial pour la protection d’au moins 30 % de l’océan mondial d’ici 2030. Un autre thème était le rôle important des mangroves, des marais salés et des herbiers dans l’emprisonnement du carbone. Des groupes étudient aussi la possibilité d’utiliser des crédits de carbone bleu pour financer la conservation et la restauration de ces importants puits de carbone.
Au sujet de l’ utilisation des terres et de la nature, l’attention s’est portée sur la question des pertes et des dommages causés par les changements climatiques et l’adaptation dont il faudra faire preuve pour y faire face. Il y a eu consensus sur le fait que nous devons commencer à intégrer la résilience dans nos infrastructures, comme en utilisant par exemple des systèmes de défense et d’alerte, ainsi qu’à restaurer les écosystèmes et à renforcer leur protection, et à inculquer une culture de la durabilité aux communautés.
Un des objectifs de la conférence de Glasgow était de faire en sorte que les pays développés respectent leur promesse faite lors de la COP20 de fournir au moins 100 milliards de dollars américains par année en fonds liés aux changements climatiques aux pays en développement afin de limiter le réchauffement. En 2019, il y a eu un manque à gagner de plus de 20 milliards de dollars américains en ce qui concerne cet engagement.
À la COP26, 95 % des 20 pays développés les plus avancés ont fait des promesses qu’ils n’ont pas su tenir de mobiliser avant 2020 un total de 100 milliards de dollars américains en fonds liés aux changements climatiques pour les pays en développement. Ce total comprenait 12 milliards de dollars américains visant à inverser le processus de perte forestière d’ici 2030.
Des engagements avaient aussi été pris visant à atteindre des cibles ambitieuses et strictes pour soutenir l’électrification des véhicules, notamment en matière de financement aidant à réduire le coût des véhicules électriques.
Pour parvenir à atteindre les objectifs de zéro émission nette et de réchauffement global, tous les pays doivent présenter et s’engager à respecter des objectifs ambitieux de réduction des émissions pour 2030.
Ces objectifs s’articuleront autour de l’approche à quatre volets des Nations Unies, à savoir l’élimination progressive du charbon, l’accélération du passage aux véhicules électriques, la réduction de la déforestation et l’augmentation des investissements dans les énergies renouvelables.
En ce qui concerne les combustibles fossiles, selon le Programme des Nations Unies pour le développement, le monde consacre plus de 420 milliards de dollars américains (313 milliards de livres sterling) par année à subventionner l’énergie non renouvelable.
L’engagement de l’accord de Glasgow s’est uni à celui de l’accord de Paris d’« accélérer les efforts visant à réduire progressivement l’utilisation incontrôlée de charbon et éliminer les subventions à l’énergie fossile y faisant obstacle ».
L’annonce faite par l’Inde, le troisième plus grand producteur de gaz à effet de serre au monde, qu’elle viserait l’objectif d’atteindre la carboneutralité d’ici 2070 et qu’elle prévoit produire la moitié de son électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030 a été cause d’optimisme.
Les gouvernements et les organisations internationales ont exposé les mesures qu’ils comptent prendre pour développer plus rapidement l’énergie propre et l’énergie durable. Il y aussi a eu un appel clair pour une action mondiale visant à transformer les chaînes alimentaires et rendre durable le commerce alimentaire.
Essentielle à la résilience de nos communautés, l’adaptation durable des zones urbaines est considérée comme un élément clé de l’accélération de l’action climatique. À cette fin, la nécessité de mettre en œuvre des critères de gestion environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) a été soulignée. Des investissements et des innovations dans ces secteurs seront nécessaires pour assurer une transition permettant d’atteindre ces objectifs.
Le secteur financier a été un accélérateur clé dans la transition vers les énergies propres. Vous trouverez ci-dessous les engagements et les annonces du secteur financier qui ont été faits au cours des deux semaines qu’a duré la COP26.
Le besoin d’innovation aux niveaux nationaux et le soutien de secteurs comme le secteur des assurances ont été soulignés lors de la COP26.
La possibilité d’innovation enmatière de transfert de risques, desouscription, et de gestion des risquesa été explorée afin de soutenir les ambitions mondiales, et les assureurs ont été appelés à « formuler de nouvelles approches en matière de gestion des risques et développer des produits d’assurance favorables à l’écologie ».
Une attention a aussi été portée à la souscription au sein du secteur des assurances, et sur le rôle crucial que ce secteur peut jouer dans la transition vers la carboneutralité. La rapidité étant l’un des facteurs clés dans les discussions de la COP26, la souscription peut devenir un outil de changement plus immédiat.
Ce billet de blogue fait partie de la série COP26.