Les entreprises de construction font face à des défis qui changent rapidement : l’innovation sera la clé du développement durable dans l’industrie
Comme c’est le cas dans de nombreux secteurs, la pandémie de COVID-19 a accru l’attention portée aux problèmes liés au climat, y compris à la nécessité de bâtir une industrie de la construction plus propre et plus verte. Les entreprises de construction internationales font face à des défis qui changent rapidement, ce qui inclut une surveillance accrue de leur comportement face aux questions environnementales, sociales et de gouvernance.
Divers changements stratégiques sont apportés aux modèles d’affaires, car les entreprises recherchent l’innovation dans leurs produits et leurs processus afin de créer une industrie plus durable et de « mieux bâtir ».
L’empreinte carbone de la construction
L’industrie de la construction compte parmi les principaux utilisateurs de matières premières. À l’échelle mondiale, l’environnement bâti génère 30 % des émissions totales de gaz à effet de serre, et la construction utilise environ 32 % des ressources naturelles du monde. Bien que ce secteur soit l’un des plus importants contributeurs aux changements climatiques, il a également l’occasion d’apporter des changements positifs.
L’intérêt public pour l’investissement durable a considérablement augmenté au cours des douze derniers mois. À l’échelle mondiale, on observe une augmentation de l’activité visant à promouvoir une construction plus verte. Par exemple, dans la foulée des engagements envers l’Accord de Paris, de plus en plus d’organismes gouvernementaux encouragent la carboneutralité des bâtiments. Dans un rapport provisoire publié en novembre 2020, le gouvernement du Royaume-Uni est devenu l’un des premiers à fournir une feuille de route pour toutes les entreprises, privées et cotées, en vue de l’obligation proposée des divulgations liées au climat en 2025. Dès 2022, 50 % des grandes entreprises de construction privées au Royaume-Uni devront produire des rapports. Parallèlement, les consommateurs exigent de plus en plus des pratiques et des projets d’affaires responsables sur le plan de l’environnement.
L’innovation en action
L’innovation peut jouer un rôle clé dans le développement durable, car l’industrie de la construction recherche activement des moyens d’améliorer les processus, les produits et les modèles de travail établis.
Des processus novateurs
Pour l’industrie, la clé de la réduction de l’empreinte carbone consiste à élaborer et à mettre en œuvre des processus qui augmentent l’utilisation de matériaux durables.
Face à la croissance du mouvement vert, de nombreuses entreprises de construction ont rehaussé leurs normes et leurs exigences. « Une meilleure utilisation des ressources naturelles est importante pour améliorer l’efficacité énergétique, et des processus novateurs seront essentiels pour stimuler la croissance dans l’industrie après la pandémie », explique Borja Agullo, responsable des risques d’entreprise chez OHL.
Dans le contexte où le développement durable retient de plus en plus l’attention, de nombreuses entreprises de construction doivent se conformer à des normes internes plus élevées. Les services de responsabilité sociale de l’entreprise s’attaquent à tous les aspects des projets afin d’intégrer de nouveaux processus et de nouvelles stratégies dans l’entreprise. Chez OHL, en 2019, 45 % de toutes les matières premières étaient des matières réutilisées, indique Borja. « Il faut utiliser plus efficacement les ressources naturelles et trouver des moyens de construire avec des matériaux durables », explique-t-il. « Nous essayons de mettre en œuvre l’innovation dès le processus de conception. Cela a un effet positif et direct sur l’environnement. »
La conception de la construction
Dans de nombreuses régions, l’industrie de la construction a pour objectif la carboneutralité en 2050, et certaines entreprises ambitieuses cherchent à l’atteindre plus tôt. Pour les organisations qui ne s’approvisionnent pas en matériaux durables ou qui ne respectent pas les lois environnementales, il peut y avoir des conséquences négatives sur la réputation et les revenus. Selon l’Accord de Paris, d’ici 2050, les émissions de carbone des bâtiments du monde entier devraient être de 80 % à 90 % moins élevées qu’aujourd’hui. L’industrie de la construction relève le défi.
Selon Matt Gough, directeur de l’innovation et des travaux primés chez Mace : « Lorsque vous calculez le carbone utilisé dans la construction et l’exploitation des bâtiments et des infrastructures, la construction représente près de 40 % des émissions mondiales de carbone. » Il ajoute : « Ce dont nous sommes maintenant témoins, en raison des répercussions économiques de la pandémie, c’est d’une énorme transition vers l’investissement écologique à l’échelle mondiale. » Cela comprend l’investissement dans des projets écologiques, notamment les énergies renouvelables, les programmes de modernisation, ainsi que les plans de recherche et de développement, tous axés sur l’amélioration de la durabilité de l’environnement bâti en réponse à l’urgence climatique.
Dans l’industrie des matériaux de construction, on observe l’émergence de nombreuses solutions allant de l’innovation progressive des méthodes traditionnelles à l’adoption de matériaux radicalement novateurs dotés de fonctionnalités entièrement nouvelles. Tout cela devrait réduire l’empreinte carbone de cette industrie. La modularisation, l’impression 3D, la robotique, les drones et l’intelligence artificielle contribuent à réduire la durée des projets et à favoriser l’efficacité, notamment par la mise à l’épreuve des idées et des concepts de la conception avant le début de la construction. L’utilisation de l’intelligence artificielle et des algorithmes d’apprentissage machine pour générer une variété de conceptions de produits ou de bâtiments en quelques minutes permet aux architectes et aux concepteurs d’optimiser leurs idées et de créer des structures que l’on croyait auparavant impossibles.
Dans l’environnement bâti, l’innovation a pour objectif clé le développement durable. Cela comprend de nouvelles formes de construction plus propres et plus vertes, qui aident à réduire les déchets. L’industrie de la construction cherche à utiliser de nouveaux matériaux, à trouver de meilleures façons d’emmagasiner de l’énergie renouvelable, à exploiter davantage les centrales électriques et à accroître la biodiversité dans la conception de projets. Les occasions d’avoir une incidence positive sont nombreuses. Une grande partie de la technologie nécessaire pour réduire l’empreinte carbone de la construction existe déjà : l’industrie doit simplement l’adapter, rapidement.
Travailler ensemble pour accroître le développement durable
Tous les établissements, publics ou privés, et même les villes, ont un rôle important à jouer pour offrir les meilleures solutions et gérer les risques tels que les changements climatiques.
Oliver Wild, chef de la gestion des risques et de l’assurance chez Veolia, convient que la « conception écologique » est essentielle et que la réduction de l’empreinte carbone dès le début des projets est un élément clé souvent négligé. « L’industrie a un rôle clé à jouer pour faire en sorte que nos villes soient résilientes, intelligentes et habitables », dit-il. Comme beaucoup de grandes entreprises de construction, Veolia recherche activement l’innovation pendant la phase de conception afin d’améliorer la durabilité des projets et de réduire les besoins de rénovation et de modernisation.
Il faut également s’attaquer aux questions d’approvisionnement en matériaux et de réduction des émissions de carbone pendant la phase de fabrication. De plus en plus, les entreprises examinent leurs partenaires clés dans la chaîne d’approvisionnement pour s’assurer du respect des valeurs de l’entreprise, notamment en ce qui concerne les paramètres environnementaux, sociaux et de gouvernance. Beaucoup d’entreprises vont plus loin en tenant compte de l’origine des marchandises, de l’incidence environnementale de leur transport jusqu’au chantier et des répercussions écologiques de l’emballage, lequel était fortement composé de plastique à usage unique traditionnellement.
Dans un contexte où les entreprises cherchent des façons d’intégrer des processus ou des produits novateurs dans leurs projets, on devrait encourager la création de cadres contractuels qui permettent un plus grand partage des risques entre les parties. Les risques liés aux projets de construction, y compris la souscription d’assurance, sont souvent la responsabilité des entrepreneurs, et sont parfois transférés aux sous-traitants. L’industrie s’efforce d’accroître la valeur offerte grâce à l’innovation et, par conséquent, les modèles de contrats traditionnels évoluent. L’établissement de relations de travail plus étroites entre toutes les parties afin de comprendre les risques liés aux projets et de les attribuer de façon appropriée favorisera l’élaboration et la mise en œuvre de produits, de systèmes et de processus qui transformeront l’industrie et assureront sa durabilité.
La promotion du développement durable et la réduction des émissions sont les principales préoccupations de tous les intervenants dans l’industrie de la construction. Selon Stephan Lämmle, chez Munich Re : « L’innovation sera un pilier important non seulement de l’économie des coûts, mais aussi de l’accroissement du développement durable. »