Sanjit Bassi
Chargé de clientèle, construction, infrastructure et cautionnement, Royaume-Uni
-
United Kingdom
Alors que l’énergie nucléaire est en pleine reprise, les petits réacteurs modulaires (PRM) suscitent beaucoup d’intérêt chez les gouvernements désireux d’économiser, d’accélérer le déploiement nucléaire et d’atteindre rapidement des objectifs d’énergie propre et sécuritaire. L’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE estime que le marché mondial des PRM pourrait voir un taux de construction rapide, pour atteindre 21 gigawatts d’ici 2035 et entre 50 et 150 gigawatts par année par la suite.
Bien que le rythme du déploiement soit toujours soumis à certaines incertitudes réglementaires (par exemple, les réussites du projet pilote et les règles de sécurité approuvées), les technologies d’échelle mégawatts des PRM sont de plus en plus considérées comme un moyen d’atténuer les coûts élevés de construction et les longs délais associés aux réacteurs nucléaires traditionnels d’échelle gigawatts. Les PRM sont également considérés comme une option attrayante en raison de leur petite taille, de leur évolutivité et de leur capacité à être déployés dans divers environnements.
De nombreuses régions envisagent l’utilisation des PRM non seulement pour la production d’énergie, mais aussi pour le chauffage à distance, le dessalement, la production d’hydrogène et les applications industrielles. Certains pays, dont les États-Unis, le Canada, la Chine, la Russie et plusieurs nations européennes, poursuivent activement le développement et le déploiement de la technologie PRM pour ces raisons et pour d’autres.
Un PRM produit une grande quantité d’électricité à faible teneur en carbone sur une empreinte réduite. Comme le décrit l’Agence internationale de l’énergie atomique, les PRM ont une capacité d’alimentation allant jusqu’à 300 MW(e) par unité, soit environ le tiers de la capacité de production des réacteurs nucléaires traditionnels.
1. Débours inférieurs
En raison de leur petite taille et de leur capacité de fabrication hors site, les PRM sont beaucoup plus rentables et demandent moins de temps à construire que les centrales nucléaires traditionnelles. Par conséquent, ils peuvent également générer plus rapidement un rendement financier.
2. Souplesse de déploiement
Le processus modulaire de conception des PRM facilite la fabrication, le transport et l’assemblage, offrant une plus grande souplesse de déploiement selon les emplacements géographiques et les besoins énergétiques. Ces réacteurs sont plus compacts que leurs équivalents traditionnels, ce qui leur permet d’être facilement transportés et installés dans des endroits éloignés.
3. Sentiment politique positif
De nombreux gouvernements investissent dans des PRM pour diversifier leurs options énergétiques et réduire leurs émissions de carbone, y compris par l’entremise de la recherche et du développement, des cadres réglementaires et du déploiement de PRM au moyen de programmes de financement et de partenariats avec des sociétés privées.
Par exemple, le gouvernement du Royaume-Uni a appuyé la conception de l’un des premiers PRM du monde avec un financement de 265 millions de dollars américains pour le PRM de Rolls-Royce. Avec, en plus, un investissement privé de plus de 315 millions de dollars américains, la conception de ce PRM a contribué à l’élaboration des processus réglementaires visant à évaluer la pertinence de leur déploiement potentiel au Royaume-Uni.
En outre, dans le cadre du plan d’investissement national 2030 de la France, le gouvernement investira 1,1 milliard de dollars américains dans des activités de recherche et de conception visant le développement de technologies PRM nationales. Et, en 2021, le gouvernement canadien a annoncé un investissement de 15 millions de dollars américains dans le développement et la commercialisation des PRM dans le cadre de ses efforts pour réaliser la carboneutralité d’ici 2050.
4. Options de financement accrues
Étant donné le coût plus modique des PRM par rapport à celui des centrales nucléaires à grande échelle, les occasions de financement privé sont plus nombreuses pour les parties prenantes, comme les investisseurs en capital-investissement privé et les prêteurs financiers pour projets.
Il est essentiel de renseigner les parties prenantes sur les nuances propres au secteur de l’approvisionnement en assurance nucléaire, en particulier pendant la construction, en vue du succès du processus de financement.
À mesure que la demande pour les PRM augmente, les stratégies de gestion des risques et d’assurance doivent refléter la complexité de la construction et la variété des risques pendant le cycle de vie d’un projet.
Plusieurs politiques différentes sont offertes pour l’éventail des risques associés à la technologie PRM et au développement des sites. Voici certains types de couverture d’assurance que vous pourriez envisager :
En raison des restrictions de la garantie de réassurance offerte, ces polices comprennent généralement une exclusion concernant la contamination radioactive, les assureurs de construction traditionnels n’acceptant pas d’absorber les pertes liées au « risque nucléaire ». Le risque nucléaire n’est présent que lorsque le projet se rapproche de l’essai et de la mise en service (c.-à-d. lorsque le carburant devient radioactif).
De nombreuses conventions internationales s’appliquent à la responsabilité stricte des opérateurs en cas d’incident nucléaire. Cela a déclenché la croissance des bassins nucléaires internationaux qui peuvent couvrir le risque nucléaire pendant la période d’exploitation.
En tenant compte du risque nucléaire ci-dessus en envisageant une assurance de construction PRM, l’approche visant à assurer la centrale opérationnelle doit être bien prise en compte et comprise. Cela permet de tracer un chemin pour que la police d’assurance construction tous risques s’harmonise adéquatement avec le programme opérationnel et pour prévenir ou réduire les écarts dans la garantie.
La phase de chevauchement des deux polices est appelée la « période de transition ». La période de transition commence lorsque du carburant est inséré dans le réacteur et se termine à la date d’exploitation commerciale. Le caisson du réacteur et l’îlot nucléaire sont déplacés de façon fragmentée au programme d’assurance opérationnelle pendant la période de transition, ce qui exige une communication claire avec tous les assureurs et des commentaires précieux de la part d’experts expérimentés en assurance et en sinistres.
Les projets PRM sont de plus en plus attrayants pour les propriétaires et les développeurs. Toutefois, l’assurance de la construction pour ces projets complexes comporte des exigences particulières qui doivent être soigneusement prises en compte. De plus, l’avènement des PRM pourrait donner lieu à de nouveaux facteurs de risque particuliers. Il est important de discuter de ces facteurs avec vos spécialistes Marsh locaux dès que possible pour commencer à élaborer la stratégie de gestion des risques et d’assurance.
Chargé de clientèle, construction, infrastructure et cautionnement, Royaume-Uni
United Kingdom
Directrice mondiale du groupe d’expertise en énergie nucléaire, Services spécialisés de Marsh