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Carte des risques politiques 2021 – Afrique subsaharienne

Cartographie des risques politiques 2021 : la reprise à la suite de la pandémie complique les risques pour l’Afrique subsaharienne

La pandémie a eu d’importantes répercussions sur les économies d’Afrique subsaharienne en 2020, avec une contraction de la croissance de 3 %. Malgré cela, on prévoit que la région générera une croissance de 3,1 % en 2021, si les pays parviennent à surmonter des obstacles importants. Le principal d’entre eux est une gestion prudente des politiques budgétaires et monétaires à un moment où de nombreux gouvernements ont des ressources limitées. Les pays exportateurs de métaux et de pétrole de la région ont été les plus touchés par la COVID-19. Les pays qui dépendent fortement du tourisme ont également été gravement touchés. Les économies plus diversifiées, comme celles de la Côte d’Ivoire et du Kenya, ont mieux résisté.

Le stress économique causé par la pandémie a fait grimper le taux de pauvreté de 41 % dans l’ensemble de la région, et les prévisions indiquent qu’il devrait encore augmenter de 1,2 % cette année. Si l’on ajoute à cela les problèmes d’infrastructure et de développement liés au changement climatique, il sera difficile de réaliser les grandes infrastructures sans investissements extérieurs.

L’une des caractéristiques positives de la réponse à la pandémie a été le soutien financier important que plusieurs pays ont reçu d’institutions multilatérales telles que le FMI, la Banque africaine de développement et la Banque africaine d’import-export. Ces institutions offrent des prêts anticycliques à des taux plus abordables que ceux offerts par les marchés privés, et elles proposent des programmes de prêts importants pour aider les pays à faire face aux répercussions économiques et sanitaires de la COVID-19. Malheureusement, l’aide ne suffira peut-être pas à éviter une décennie perdue pour les pays de la région.

Une préoccupation émergente mise en évidence par la pandémie est la différence entre les intérêts dus sur la dette publique entre les économies de marché développées et les économies de marché émergentes. Alors que le service global des intérêts sur la dette a diminué à l’échelle mondiale, il a augmenté pour les économies émergentes. Le pourcentage de déclassement du crédit souverain par S&P en 2020, par région, illustre l’es répercussions considérables sur l’Afrique subsaharienne.

* Disponible en anglais seulement

Cela signifie que, bien que les économies développées et émergentes puissent avoir des ratios dette/PIB comparables, elles ont des charges d’intérêts très différentes. Ce déséquilibre peut entraîner de nouvelles défaillances d’emprunteurs souverains, comme celle de la Zambie en 2020. L’augmentation des remboursements d’intérêts accaparera également une part de plus en plus importante des budgets gouvernementaux, ce qui rendra plus difficile l’affectation de fonds aux réponses à la COVID-19.

Le corridor économique émergent entre l’Afrique de l’Est et l’Europe de l’Est sera tributaire de la connectivité ferroviaire et routière. Au cours de la dernière année, l’Égypte et le Soudan ont signé une nouvelle entente de transport, qui permettra de créer officiellement des liaisons ferroviaires entre les deux pays. La première liaison ferroviaire sera financée par le Koweït, ce qui démontre encore une fois l’importance élevée de l’Afrique subsaharienne pour les acteurs extérieurs.

Le réseau routier transafricain, qui s’étend du Cap au Caire, sert également bien ce plan ambitieux. Toutefois, le conflit qui oppose l’Égypte et l’Éthiopie au sujet du barrage de la Renaissance (qui réduira considérablement l’accès de l’Égypte à l’eau douce du Nil), combiné à l’insurrection ethnique dans la province éthiopienne du Tigré, fait peser des risques importants sur les utilisateurs du réseau routier transafricain.

Malgré les problèmes mentionnés ci-dessus, il y a lieu d’être optimiste parce que l’Afrique a été moins touchée que d’autres régions par la pandémie. Les faibles taux d’intérêt dans les économies occidentales pourraient encourager les investisseurs institutionnels à rechercher des rendements plus élevés sur le continent. La zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) peut également être un vecteur de développement accéléré, à condition que les projets d’infrastructure conservent un accès au financement.

Le PIB de la Chine devrait augmenter d’environ 2,3 milliards de dollars américains l’année prochaine et au-delà, ce qui équivaut à la taille de tout le marché africain. Cette croissance pourrait contribuer à augmenter les prix des produits de base et donner un coup de fouet au continent africain.

Côte d’Ivoire

La croissance économique rapide de la Côte d’Ivoire et son ambitieux programme d’infrastructures devraient continuer à susciter l’intérêt des investisseurs, mais le risque de terrorisme et de violence politique s’intensifie. En octobre 2020, le président actuel a été élu pour un troisième mandat lors d’une élection controversée qui a vu des douzaines de morts lors de violents conflits politiques et l’arrestation de certains opposants politiques. Malgré une approche largement favorable aux investisseurs, l’intervention politique et la corruption sont des enjeux persistants pour les entreprises en Côte d’Ivoire.

La COVID-19 a eu moins d’incidence sur l’économie ivoirienne que sur d’autres économies de la région, bien que le ralentissement économique puisse augmenter le risque de troubles sociaux. La réponse du pays à la pandémie repose sur ses forces militaires et policières, qui sont fréquemment occupées à combattre la menace terroriste, notamment par des déploiements dans les régions voisines du Mali et du Burkina Faso. Par conséquent, des terroristes tels qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’État islamique et d’autres groupes d’insurgés mènent des attaques à l’intérieur de la Côte d’Ivoire, avec des cibles militaires et d’infrastructure à haut risque. Pour refléter cette réalité, le terrorisme a entraîné la plus forte augmentation de la cote de la WRR de la Côte d’Ivoire, atteignant 5,9 en janvier 2021, soit une hausse de 25 % par rapport à janvier 2020.

La stabilité de la cote de crédit du pays équilibre les solides perspectives de croissance économique et les déficits budgétaires et ratios d’endettement relativement faibles par rapport aux risques politiques persistants, aux faibles indicateurs de développement et à la forte dépendance aux produits de base. Le produit de base le plus négocié de la Côte d’Ivoire est le cacao, qui représente 40 % de ses exportations. Dans l’ensemble, tandis que les tensions politiques et le terrorisme constituent un risque important, la croissance économique de la Côte d’Ivoire devrait demeurer solide si elle continue d’investir dans des initiatives de lutte contre le terrorisme.

* Disponible en anglais seulement

Nigéria

L’économie du Nigeria fait face à un avenir de croissance lente et de reprise après une forte contraction en 2020. Son PIB devrait augmenter de 1,1 % à 2 % en 2021, la reprise dépendant largement du prix du pétrole, qui génère 50 % des recettes publiques et 90 % des avoirs en devises étrangères, du succès de la vaccination de sa population, et de la capacité du gouvernement à rétablir l’ordre public sur les groupes d’insurgés qui menacent la reprise économique.

La baisse du prix du pétrole a privé le Nigeria de fonds pour améliorer ses infrastructures de soins de santé médiocres et fournir des ressources à son armée, qui a de la difficulté à contrer les attaques de groupes terroristes contre des cibles civiles et militaires. Une alliance déclarée entre Boko Haram et l’État islamique maintiendra le risque de terrorisme à un niveau élevé, tandis que l’indignation généralisée dans les zones rurales à la suite d’attaques terroristes pourrait engendrer des troubles sociaux.

La Banque centrale du Nigeria a pris des mesures pour protéger le secteur bancaire du pays contre les répercussions de la COVID-19 par l’intermédiaire de mesures d’assouplissement quantitatif, de moratoires sur la dette, d’une dévaluation du naira et de réductions des taux d’intérêt. Le coût élevé des emprunts extérieurs du Nigeria, combiné à une faible production de revenus et à des dépenses en immobilisations peu visibles, reste une préoccupation majeure et se reflète dans l’augmentation des cotes de risque dans ces domaines.

Comme de nombreux pays africains, le Nigeria a établi des stratégies pour profiter de la zone de libre-échange continentale africaine, qui a commencé ses activités le 1er janvier 2021 et devrait créer un bloc commercial économique de 3,4 milliards de dollars américains. Cette nouvelle zone devrait faciliter l’expansion du commerce intra-africain et l’ouverture de nouvelles routes commerciales pour les industries nationales nigérianes en pleine croissance, comme les entreprises de ciment, d’engrais et de raffinage. Toutefois, une transition en douceur pour les entreprises nigérianes exigera une étroite collaboration entre les secteurs public et privé.

La capacité des milices islamiques à multiplier les attaques au Nigeria a considérablement augmenté face à une armée nigériane mal approvisionnée qui, récemment, a été en première ligne de la réponse de l’État aux pressions de la COVID-19. Les attaques contre des convois, y compris la destruction des livraisons d’armes, semblent bien coïncider avec l’objectif de saper les capacités tactiques et opérationnelles des troupes. De plus, le détournement des ressources pour atténuer l’effondrement économique causé par la COVID-19 auquel le Nigeria a fait face (en raison de la baisse du prix du pétrole) laisse entendre que l’armée nigériane n’est pas bien placée pour former un plan d’action concerté visant à atténuer cette menace.

L’insécurité est également susceptible de demeurer un problème central dans le Sud et les régions côtières, ce qui est susceptible de réduire les investissements étrangers dans un secteur pétrolier en déclin. Alors que les groupes de militants continuent de menacer les installations pétrolières dans le delta du Niger, la rupture des négociations entre l’organe représentant les militants – les Vengeurs du delta du Niger – et le gouvernement fédéral en janvier 2021 signifie que les groupes ont menacé d’augmenter la fréquence et la puissance des attaques contre les pipelines et les expéditions vitales.

Au cours des derniers mois, des compagnies pétrolières ont déclaré un cas de force majeure à la suite d’attaques visant des actifs détenus dans le delta du Niger. Les entreprises de logistique font également face à des menaces de sécurité de la part de groupes de pirates qui détiennent des bases le long de la côte. Des données récentes du Bureau maritime international indiquent que l’année 2020 a connu une forte augmentation de la piraterie, le golfe de Guinée comptant pour environ 95 % de tous les incidents d’enlèvement de membres d’équipage dans le monde.

* Disponible en anglais seulement

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