Par Mark Cracknell ,
Directeur mondial de l’assurance protection et indemnisation
09/18/2024
En mars 2024, le heurt survenu entre le porte-conteneurs Dali et le pont Francis Scott Key à Baltimore a entraîné la mort tragique de six personnes, la destruction du pont et la fermeture temporaire d’un port important. Par le passé, de tels sinistres ponctuels et très médiatisés n’ont jamais été les principaux moteurs des primes de protection et d’indemnisation, la solidité des mécanismes de réassurance de l’International Group constituant une force du système de protection et d’indemnisation mutuel. La relation entre le revenu en primes conservé d’une part et les réclamations conservées d’autre part est généralement un facteur beaucoup plus important.
Cependant, les réassureurs de l’International Group étant censés détenir des réserves de plusieurs milliards de dollars à la suite du sinistre lié au Dali, et malgré les procédures de restriction en cours, le coût du programme de réassurance en excédent de sinistres de l’International Group est susceptible d’être touché (avec le coût supplémentaire transféré aux membres du club), tandis que l’impact financier sur les clubs de protection et d’indemnisation demeurera probablement modeste. Cela comprend Britannia, le club de protection et d’indemnisation dont les actifs excédentaires s’élèvent à environ 550 millions de dollars américains et avec lequel le Dali a été enregistré; l’entente de mise en commun de l’International Group signifie que Britannia paiera une rétention de 10 millions de dollars américains et sa part du bassin de capitaux, soit probablement à peine plus de 20 millions de dollars américains.
Dans cette mise à jour relative au marché de la protection et de l’indemnisation (P&I), nous présentons et analysons un certain nombre de points de données pertinents, en fournissant un aperçu de la situation actuelle des clubs de P&I ainsi que des considérations relatives à toute augmentation des primes au cours de l’année à venir.
Une concurrence considérable entre les clubs de protection et d’indemnisation, stimulée par une hausse des occasions découlant de la croissance soutenue de la flotte mondiale, a contribué à la baisse des taux pour les nouvelles affaires, ce qui a eu des répercussions sur les activités de renouvellement. Le revenu net des clubs de P&I a chuté entre 2017 et 2020.
Figure 1 | Source : Marsh, données fournies par BDO
TB total par rapport au nombre net d’appels par TB
* Graphique disponible en anglais seulement
Entre 2019 et 2021, les coûts globaux liés aux réclamations ont augmenté au même rythme que le tonnage mondial. Au cours de la même période, on a connu une accélération sans précédent du nombre de réclamations liées au bassin de capitaux (voir la figure 2), mais depuis 2021, celui-ci a fortement chuté.
Figure 2 | Source : Club de PI de l’IG
* Graphique disponible en anglais seulement
En raison de l’accélération du nombre de réclamations liées au bassin, d’ici l’exercice financier 2020, la différence entre le revenu en primes net global des clubs de P&I et les dépenses en réclamations nettes s’est estompée au point d’atteindre pratiquement la parité (voir la figure 3).
Figure 3 | Source : Marsh, données fournies par BDO
Prime nette et total des réclamations nettes (2017 à 2020)
* Graphique disponible en anglais seulement
Après une période soutenue d’augmentations générales faibles ou nulles, les clubs de P&I ont réagi en 2020 en imposant des hausses de taux (voir la figure 4), bien que le terme « augmentations générales » ait été employé moins souvent, certains clubs préférant une « augmentation cible » divulguée.
Figure 4 | Source : Marsh, données fournies par BDO
* Graphique disponible en anglais seulement
À mesure que les clubs ont appliqué des hausses de taux, le revenu net par tonnage brut a atteint un niveau record en 2023 (voir la figure 5).
Figure 5 | Source : Marsh, données préparées par BDO et données fournies par les clubs de P&I (pour 2022 et 2023)
TB total par rapport au nombre net d’appels par TB
* Graphique disponible en anglais seulement
Les clubs semblaient prévoir que le risque de réclamations poursuivrait sa hausse au rythme observé en 2019 et 2020, mais cela ne s’est pas produit. Dans l’ensemble, les réclamations ont atteint un niveau stable et les réclamations liées au bassin ont chuté en deçà des normes historiques (voir la figure 6). Les réclamations conservées individuellement par les clubs semblent avoir suivi une tendance établie ponctuée de hausses, mais à un taux inférieur à l’inflation générale.
Figure 6 | Source : Marsh, données préparées par BDO et données fournies par les clubs de P&I (pour 2022 et 2023)
Le total des réclamations (nettes conservées plus réclamations nettes liées au bassin) coûte des milliards de dollars américains
* Graphique disponible en anglais seulement
Par conséquent, la différence entre le revenu en primes net global des clubs de P&I et les sinistres encourus nets est la plus importante depuis 2017 (voir la figure 7).
Figure 7 | Source : Marsh, données préparées par BDO et données fournies par les clubs de P&I (pour 2022 et 2023)
* Graphique disponible en anglais seulement
De façon générale, les indicateurs de rendement clés (IRC) relatifs au marché de protection et d’indemnisation sont désormais positifs (voir les figures 8, 9 et 10). Le ratio combiné moyen, c’est-à-dire le ratio des réclamations et des dépenses engagées par rapport aux primes encaissées, pour les clubs de P&I est inférieur au seuil d’équilibre et affiche une tendance de croissance menant à la rentabilité.
Figure 8 | Source : Marsh, données préparées par BDO et données fournies par les clubs de P&I (pour 2022 et 2023)
* Graphique disponible en anglais seulement
Encouragés par des résultats de placement positifs pour l’exercice financier 2023, les fonds excédentaires globaux sont au niveau le plus élevé depuis 2017 (voir la figure 9).
Figure 9 | Source : Marsh, données préparées par BDO et données fournies par les clubs de P&I (pour 2022 et 2023)
* Graphique disponible en anglais seulement
De façon similaire, la couverture de solvabilité moyenne des clubs est elle aussi à son niveau le plus élevé depuis 2017 (voir la figure 10).
Figure 10 | Source : Marsh, données préparées par BDO et données fournies par les clubs de P&I (pour 2022 et 2023)
À partir de 2010, une augmentation constante des coûts des réclamations de P&I et une tendance à la baisse des revenus en primes ont donné lieu à une réponse décisive de la part des clubs de P&I : ils ont imposé des hausses de taux aux membres des clubs sur une période prolongée. Plus récemment, on a assisté à un ralentissement des réclamations que les clubs ne semblent pas avoir anticipé, mais dans l’ensemble, les clubs de P&I affichent de solides résultats financiers. Nous pouvons maintenant constater que les mesures correctives prises par les clubs depuis 2020 semblent, au bout du compte, avoir été exagérées.
Il est difficile d’imaginer une base de données pour les hausses de primes « cibles » générales dans le cadre du renouvellement de 2025. Cela est particulièrement vrai, car les membres peuvent s’attendre à voir le coût du programme général de réassurance en excédent de sinistres de l’International Group augmenter en réponse à la réclamation liée au Dali (qui sera appliquée sous la forme d’une majoration non négociable). On laisse entendre que le programme augmentera probablement de 15 % à 20 % et qu’il sera assujetti à une répartition entre les cinq catégories de bâtiments de navigation.